La petite chronique de Damien #19 : Le ressenti chez les personnes valides

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Comme j'ai pu l'indiquer à la fin de mon précédent article, j'ai eu l'idée d'un projet en lien avec la perception des personnes en situation de handicap. J'ai visionné un micro trottoir qui donnait l'avis de plusieurs sur l'inclusion des personnes en situation de handicap. 

Pour résumer, rien de substantiel n'en ressortait, l'ensemble des réponses n'était que « oui » ou « non ». J'ai réfléchi à mes propres questions et construit ma propre interview. Mon projet était d'interroger les personnes de mon entourage, des proches aux inconnus.

L'exercice s'est avéré plus ardu que prévu où les réponses n'étaient pas toujours développées. Ce fut néanmoins une expérience nourrissante pour différentes raisons :

 

  • Cela a été l'occasion d'aborder le sujet du handicap avec des personnes proches notamment de ma famille. Ils ne sont pas forcément les plus à l'aise avec le sujet.

  • Une nouvelle manière d'aborder les gens et d'apprendre à les connaître.

 

N'étant pas journaliste de formation, je me suis quelque peu lancé dans ce projet à l'aveugle. Je retravaillais mes questions plusieurs fois entre des interviews, notamment avec l'aide d'une amie journaliste. Je ne sais pas vraiment non plus comment vous présenter mes « résultats » alors je vais simplement vous écrire des réponses communes, des observations qui me paraissent pertinentes. 16 personnes ont accepté l'interview : 4 membres de ma famille, 3 amis proches, 9 amis, 2 inconnues.

 

Au delà de la difficulté à répondre aux questions, un type d'handicap sort du lot qui bloque davantage. La plupart de mes interlocuteurs ne savent pas comment agir devant les personnes atteintes de handicap mental. L'explication reste le manque d'expérience évidemment mais il est étonnant d'observer différents niveaux de réactions suivant le handicap. En vrai, je pense que ces deux handicaps, mental et moteur, demandent des qualités différentes et qu'il est autant difficile de s'y adapter dans les deux cas.

Certains ont pu avoir des relations avec différents handicaps par le passé ou dans des circonstances diverses. Ils semblent plus conscients de problématiques liées au handicap que d'autres. Notamment la sexualité et la perception, ils ne sont pas si étonnés mais il est possible de devoir les aider à voir la réalité du problème. Peut être leur naïveté ou optimisme ne leur permet que de voir une partie du problème ?

L'occasion de côtoyer des personnes en situation de handicap peut être rare. Héritage d'une génération où la visibilité de cette communauté était compliquée, aujourd'hui encore, elle peut être problématique. Le handicap est toujours un sujet sensible qui fait peur. Les gens sont curieux d'une personnalité et d'un handicap, ce qui est logique. Mais le handicap reste un obstacle à franchir autant pour autrui que pour soi. Les relations amoureuses avec des personnes ayant un handicap sont inexistantes dans leurs cas mais ils pensent que cela n'est pas forcément différent que pour des personnes valides, à part d'un point de vue très pratique.

 

D'un point de vue plus global, l'interview a été appréciée. Chacun a pris le temps d'investir cette thématique et regrette que cela ne soit pas plus fréquent ou médiatisé. Certaines questions provocantes ne les ont pas apeurés, au contraire, que certains sujets soient mis en lumière comme la sexualité leur plaise. Les réponses sont difficiles où le fossé ne paraît pas si énorme mais peut l'être. « Tout dépend » peut revenir souvent dans les réponses. Des points communs existent dans les problèmes des personnes valides et handicapées à la différence que le handicap peut être souvent mis en cause.

 

Pour ma part, j'espère que cette initiative, d'en parler ouvertement autour de soi, peut se multiplier un peu partout. Il est temps de se montrer, d'exister et je me rends compte que la difficulté est dans les deux sens. Il peut être difficile de se montrer en tant que personnes handicapées comme il peut être difficile de se comporter en tant que personnes valides. Entre temps, j'ai réalisé que le regard autant de peur, de pitié comme de compassion sont questionnables, rendant encore plus complexe l'ensemble. L'inclusion se fait par les deux communautés.

C'est une sensibilisation à petite échelle avant tout et elle m'apporte personnellement. J'ai comme objectif de continuer ces mini-sensibilisations sous une autre forme. Je me rends compte que cela ne peut être que ponctuel, et peut être qu'elles me seront profitables voire profitables à tous.

 

Damien

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